18 septembre 2006
Mercatino del poverino
Extrait du manuel des castors juniors fauchés à Turin
"Patrick Patrick comment on va faire pour finir le mois on a plus un sou"
"Oh t'inquiète pas mon coeur on est le 25"
"Non patate je te parle du mois prochain !"
Nous étions dos au mur, face à la mer, face contre terre. Bien sûr on a bien pensé à acheter des gratto-grattes (plus connus sous le nom de "jeu à gratter à gain instantané") pour arrondir les fins de mois, mais ici ils coûtent 5 euros pièce et c'est pile le montant de notre budget apéricubes. Nous ne sommes pas non plus prêts à tous les sacrifices.
On disposait déjà de plusieurs casseroles à notre batterie : le marché pas cher, les apéritivi en guise de resto du soir, les masques de beauté maison pour Sandrine (la recette au passage : une cuillère à café de miel, un yaourt, un peu de jus de citron), et puis bien entendu les incontournables pâtes.
Mais nous ce qu'on voulait, c'était un magasin magique où l'on pourrait trouver des trucs extraordinaires et pas chers pour nous les fauchés.
Et on l'a trouvé : le Mercatino dell'Usato. C'est une sorte de de caverne d 'Ali Baba (sans les 40 voleurs) dans laquelle s'entassent les objets les plus hétéroclites.
Mercatino dell'usato
Vous cherchez un démonte-pneu ? Une armoire normande ? Un réveil-matin-théière-décapsuleur ? Un kayak ? Une boîte à gants ? Un divan en sky vert pomme ? Un lustre Louis XVIII ? Une veste en cuir ? Une machine à pain ? Le Mercatino a ce qu'il vous faut.
Tout ce dont les gens ne veulent plus, tout ce dont vous avez besoin. Pour la "maudite" somme de 60 euros nous sommes repartis du magasin avec : une télé, un vélo, un cadre en bois, des cassettes audios pour la voiture, une voiture, une table à langer. Non bon on déconne pour la table à langer.
On va souvent chez IKEA dans l'idée d'acheter une armoire Billy vite fait bien fait, pour en sortir cinq heures plus tard, les bras chargés de peluches, de boîtes à trucs, de trucs à boîtes, de dessous de verres, et de coussins roses fluos ignobles qui pourtant paraissaient hyper-tendances sur le canapé du salon-témoin.
fauteuil éminement 50's : 30 euros seulement, oui madame !
Le Mercatino dell'usato, c'est pareil, sauf que les coussins roses sur le vieux canap' élimé vous semblent tout de suite ringards.
10:50 Publié dans Expédients quotidiens | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : mercatino dell'usato, turin, torino
13 septembre 2006
Aperitivi en folie
S'il y a bien un concept extraordinaire entre tous à Turin, c'est celui de l'aperitivo.
Le saviez-vous ? C'est ici même qu'a été inventé l'apéritif. Pour bien comprendre comment une telle invention a été possible, il faut remonter à l'époque romaine.
Plus précisément à ce beau jour de mai - c'était un jeudi je crois - en l'an de grâce 42 avant JC enroulé tel un nem dans son Saint-Suaire.
Un général de la prestigieuse armée romaine, Caius Aperitivus, était alors basé avec ses troupes dans l'enceinte fortifiée de l'Augusta Taurinorum. Il était environ 18h30 et il avait déjà un petit creux.
Aussi s'installa-t-il dans une auberge de bonne facture et commanda-t-il un petit rouge avec expédients-t-il. Mais quand le gressin et l'olive arrivèrent avec le petit verre, ce qui devait arriver arriva ; avec le peu qu'il avait dans le ventre, il était complètement ivre au bout de trois gorgées.
Il rentra alors dans une colère noire, et jura par Jupiter que jamais plus un verre ne serait servi sans accompagnement. Bon en fait nous ne sommes pas certains de la véracité de cette histoire, nous ce qu'on sait c'est que le martini a été inventé à Turin et puis voilà.
A Paris (mais si puisqu'on vous dit qu'on aime Paris !) quand on commande un verre c'est presque un miracle si le serveur pense à vous ramener une soucoupe de cacahouètes.
Antipasti a gogo
Ici pour cinq à six euros (allright, sept euros au maximum) vous avez un cocktail confectionné par Tom Cruise himself (enfin, Tommaso Crozito) accompagné d'un buffet d'antipasti à volonté.
Buffet a volo
Aussi dès potron-minet, c'est-à-dire vers 19h30, les turinois se pressent au portillon, des immenses terrasses de la place Vittorio Veneto, aux cafés plus intimes du Quadrilatero (dans l'ancienne ville romaine tiens justement).
Un chouette café
Melon au jambon de Parme, petits plats chauds, canapés, fromages...que demande le peuple ?
L'aperitivo ? C'est chouette !
Sandrine et Patrick d'un commun accord
22:56 Publié dans Gastronomie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : aperitivo, apero, aperitif, turin, taurinorum, torino
11 septembre 2006
Ah, l'bicerin !
Bicerin [bitchérinne], définition : spécialité de Turin, mélange de chocolat de café et de crème dans des proportions d'un tiers de chaque au prorata.
Ce breuvage tient son nom de son inventeur, l'ambassadeur Philémon Bicérin Ferrero. Non bon en fait pas du tout. Le bicérin s'appelle ainsi parce qu'il se buvait initialement dans de petits verres (bicerin en piémontais) d'où son nom. On ne vous le fait pas dire : ces sacrés piémontais ne se sont pas foulés sur ce coup-là. Nous l'appellerons donc désormais chococrémocafé, crémicrémocafé, ou tout simplement "CCC".
Dans ses nombreux écrits sur Turin, Alexandre Dumas (père ou fils ou saint esprit amen) déclare "mmmm bicerin miam miam, sur la place della consolata" citation approximative s'il en est. Nietzsche qui en avait souvent gros sur la patate, aimait aussi le déguster sur cette place.
Nous suivons donc les traces de ces deux illustres personnages, pour déguster notre premier crémicrémocafé et qui s'appelorio bicerin.
Sur la piazza della consolata
Allez hop ne soyons pas bégueules, profitons donc de la terrasse.
Pas bégueules pour un sou
Alors ? Mon Dieu, ma che delicioso ! Attention, il ne faut surtout pas remuer votre bicerin avant emploi.
Avant emploi
Les différentes strates ne doivent en effet se mélanger sous aucun prétexte. L'expérience n'est totale que si l'on passe de l'amertume du café à la volupté du chocolat, pour terminer par la fraicheur de la crème.
Après emploi
Un délice on vous dit. Tiens y a qu'a voir la tête des clients sur la photo...ah non flute ce n'est peut-être pas un bon exemple.
Le Parisien, mieux vaut l'avoir en journal...
22:55 Publié dans Gastronomie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : turin, torino, bicerin, piazza della consolata
07 septembre 2006
Du calcio contre une calzone
Avant même notre arrivée à Turin, nous avions noté cette date dans notre agenda :
6 septembre 2006 :
Match France-Italie, Règlement de comptes à OK Corral, Retour du Jedi et tutti quanti.
Les italiens allaient une fois de plus se regrouper dans les bars de la ville pour descendre des pintes de Moretti tout en conspuant notre belle nation.
La France avait besoin de nous. Aussi, bravant le danger par amour pour notre patrie, tels Julien Courbet, nous étions résolus à infiltrer le QG des tifosi équipés de caméras cachées pour ramener la preuve irréfutable de leur veulerie sur le plateau de "Sans Aucun Doute".
Dès 20 heures, nous voici dans la rue, progressant silencieusement en direction de la Place Vittorio Veneto, l’un des points de ralliement des forces ennemies. Quelques minutes plus tard, nous sommes en position; nous nous approchons en rampant des terrasses où grouille déjà une foule dangereusement calme.
Très vite, nous réalisons que nous avons failli nous faire piéger comme des débutants : en effet notre œil de lynx a immédiatement repéré l’absence de postes de télévisions dans les bars de la place. Les tifosi ne sont pas ici, et toute cette agitation n’était qu’un leurre grotesque destiné à nous écarter de notre but.
Forts d’avoir déjoué ce plan diabolique, nous nous replions rapidement vers le centre-ville pour débusquer le QG des tifosi.
Les tifosi sont peut-être ici ? Ah tiens non
Il se met à pleuvoir. Mais il en faudrait plus pour nous décourager, et nous passons au peigne fin le centre de turin.
Et dans cette rue ? Ah tiens non plus
Après trente minutes de marche à découvert, nous devons nous rendre à la conclusion, certes humiliante, mais inéluctable :
Ce match France-Italie, les italiens s’en tamponnent le coquillard, et pas qu’un peu mon neveu.
Et alors que nous passons sous la statue de Re Umberto, nous avons une révélation, tels Paul Claudel sous la septième colonne de Notre-Dame : nous nous souvenons soudain que nous aussi, nous faisons finalement très peu de cas de ce match, que nous commençons à avoir fichtrement faim et que nous n’avons toujours pas essayé La Spacca Napoli, l’une des meilleures pizzeria de la ville située à trois rues de notre appartement.
Revelation #672, by patsand
Cette dernière pensée a un impact décisif sur l’issue de notre mission. Aussi, nous sommes proprement incapables de vous dire comment les italiens ont vécu le match d’hier.
Par contre, on ne peut que vous recommander la pizzeria précitée.
18:00 Publié dans Périples | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : france-italie, football, calcio, turin, torino
05 septembre 2006
Un chouette quartier, épisode 3
Suite et fin de notre trilogie qui a commencé je le rappelle par un premier épisode suivi assez logiquement d'un second épisode.
Ebranlés dans notre âme d'enfant, nous décidons de rejoindre notre parc Valentino-Disneyland afin de refaire le plein d'innocence.
Innocence #590, by patsand
Eh bien on a été servi, nous étions à peine arrivés que c'était buvette à tous les étages et tango à gogo. A Turin le troisième âge a la patate, on ne refuse jamais une petite danse endiablée avant d'aller se faire une toile au ciné...(cf épisode précédent) :
Epuisés par notre après-midi champêtre, nous nous installons à notre terrasse préférée au bord du Pô.
Le rendez-vous du Tout-Turin
Ici, la vie est un long fleuve tranquille, les turinois dégustent paisiblement des glaces tandis que la police patrouille activement afin d'appréhender les malfrats en tous genre (vendeurs de roses et de ballons à la sauvette, trafiquants de plumes de pâon). Comme vous le voyez ci-dessous, ils ont fort à faire. Oui bon on vous accorde qu'on ne voit pas grand chose sur cette photo mais on se voyait mal leur proposer de poser pour une photo de groupe.
Please let the carabinieri do their job
Devant nous la foule défile, la foule s'étire et c'est la fête et c'est la fête.
Qui a dit que Milan était la capitale de la mode ? Nous assistons à un véritable défilé.
Nous voyons passer des petits vieux en chemises de nuit, tendance secte du temple solaire, puis des nourissons déguisés en fée clochette ou en cow-boys par leurs parents inspirés.
Leur succèdent des enfants revêtus de minis maillots de footballeurs italiens.
Et le spectacle continue, avec la collection printemps-été des bobos - la chemisette rentrée dans le pantalon est un must cette année apparemment.
Sans oublier les ados avec leur tee-shirts à message subliminal : "gigolo italiano, 800 dollars/night, first night is free", "sono un angel call me", ou plus simplement "sono libero". (véridique ! vu à la tv ! vu par nous !)
Sandrine et Patrick d'un commun accord
23:30 Publié dans Expédients quotidiens | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : visite, quartier, turin, torino, parc valentino, po