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14 janvier 2007

L'Angolo del Pane



Des vacances à Paris, quelques problèmes techniques, et nous revoici à Turin, frais comme des goujons, prêts à entamer la seconde partie de notre année italienne. Et ce n'est pas sans émotion que nous avons retrouvé cette ville, non, notre ville, puisque c'est un peu chez nous maintenant.

A peine arrivés, on a filé dès potron minet chez notre commerçant préféré, à "l'Angolo del pane". Ici, chaque commerce de coin de rue s'appelle angolo quelque chose. Ainsi par exemple, dans le périmètre circoncis de notre quartier, il y a "l'angolo dei sapori", "l'angolo del salami" et "l'angolo golo golo", bon on déconne pour le dernier. Mais on trouve l'idée assez amusante, on s'imagine trés bien faire nos courses à Paris, au coin de notre rue, chez "l'angle de la tranche de jambon" ou "l'angle de la saucisse frites". Et nous, ça nous fait bien marrer. Et ouais.

Mais revenons à nos boutons. La première pensée que l'on a en poussant la porte de l'Angolo del Pane, c'est : Diable, aurais-je du salami dans les yeux ? En effet, il est plus qu'évident qu'ici, on n'est pas dans une boulangerie, mais dans une épicerie. De toutes façons à Turin le pain, il casse pas des briques. Enfin, si, mais au sens propre du terme, c'est-à-dire pas comme on croit qu'il euh bon bref il est dégueulasse.



Mais revenons à nos torchons. Donc, l'Angolo del Pane n'est pas une boulangerie. Mais il y a du pain. Mais on n'y vient pas pour ça. Alors, pourquoi y vient-on ? D'abord pour l'ambiance. Au milieu des fruits et légumes, et des petits bocaux de champignons, Madame del Pane remet les rayons en ordre, vêtue de son éternel tablier à carreaux, tandis que Monsieur del Pane discute le bout de gras de dinde, un peu en français, un peu en italien, et nous met au courant des dernières nouvelles. Par exemple, on vient d'apprendre que pour les jeux universitaires qui débutent la semaine prochaine (on reviendra là-dessus très prochainement), il y aura de grands concerts gratuits avec peut être Whitney Houston, mais c'est pas sûr.

Mais revenons à nos croutons. Donc on y vient pour l'ambiance et pour les nouvelles du quartier. On y vient aussi pour acheter nos expédients du week-end. Et pour flâner dans les rayons chargés d'excipients quadricolores. On y vient pour y retrouver la quintessence de l'Italie en humant les effluves du basilic frais.



Mais revenons à nos moignons. L'angolo del Pane on y vient pour l'esprit familial, les expédients de bonne facture, l'ambiance chaleureuse des vieux films italiens des années 50. Mais aussi, avouons le, parce que c'est au bout de notre rue...

Patrick et Sandrine d'un commun accord.

10 décembre 2006

Mon beau sapin, roi des forêts


Certaines déceptions sont à la mesure de l'espoir qui les a fait naître, se plaisait souvent à répéter Nietsche, qui avait pas mal pratiqué les turinois comme chacun sait.

En Italie, Noël est une institution, dont les festivités débutent le 8 décembre, jour de l'immaculée conception (par ailleurs férié ici merci bien mille mercis Marie) et se terminent le 6 janvier, et puis Fanny.

Hélas, mille fois hélas, nous avons appris que les turinois étaient de bien tristes sires en terme de sapin de noël. Impossible en effet de dégoter un sapin dans tout Turin, alors que derrière les fenêtres de nos voisins nous pouvions pourtant apercevoir des trucs verts lumineux.

Oh oh oh ce n'est pas faute d'avoir cherché, nous avons écumé dans l'ordre : fleuristes, vendeurs de sacs Gucci à la sauvette, marchés, Ipercoop, boulangeries, et enfin en dernier recours nous avons demandé aux autochtones où ils trouvaient leur BIIIIIP de sapins de BIIIIIP parce que nous on BIIIIIP et qu'on en a ras le BIIIIP.

Il nous a été répondu trés clairement qu'ici Madame Monsieur on fait du sapin sympa synthétique, car le synthétique c'est é-co-lo-gi-que, et qu'ici l'écologie c'est trés trés important.

On dira ce qu'on voudra, mais si c'est pour payer 50 euros une bouse en plastoque, nous on préfère organiser une expédition nocturne en forêt, et se découper un vrai sapin pas écologique à l'aide de l'épilateur électrique de Sandrine (bah oui faute de tronçonneuse on mange des merles).

D'ailleurs c'est ce qu'on a fait, peu ou prou. Dimanche on a sauté dans la voiture direction la montagne et les forêts de sapins sauvages. Bon sur la route on en a profité pour visiter Pinerolo, ville charmante bien que dépourvue de sapins.

pas de sapin perlimpinpin



Nous avons donc progressé vers les sommets inexplorés des Alpes, dans l'espoir de débusquer un sapin chétif qu'on aurait pu arracher à mains nues. Mais les sapins non domestiqués sont de sacrés durs à cuire et, il faut l'avouer, après moultes virages en triple lacets piqués nous n'étions pas au mieux de notre forme pour la chasse au sapin.

des sapins oui mais très grands et bien enracinés



Nous progressions vers le sommet du col de la Fenestrelle, quand la nuit nous est tombée dessus, et là après un court debriefing nous avons décidé d'un commun accord que l'équation (nuit)+(route de montagne sans parapet)+(nausées persistantes de Sandrine) = demi-tour vers le plancher des vaches et achat de sapin écolo synthétique à prévoir.

La montagne, ça vous gagne



Alors que nous rentrions bredouilles au bercail, les yeux de Sandrine se sont écarquillés, elle a hurlé "SAAAAAAPIIIIN A BABOOOOORD", Patrick a pilé net, et nous nous sommes rués chez le fleuriste de ce petit village de montagne de trois-quatre habitants. Pour la modique somme de quinze écus, nous avons ramené une superbe bête de deux mètres de haut.

Alors, allright : Patrick s'est fait une hernie en chargeant les 40 kilos de barbaque de sapin empoté (NDLR c'est le sapin qui est empoté) à l'arrière de la voiture, Sandrine a fait les cinquante kilomètres du retour avec une branche de sapin incrustée dans la joue gauche, le sol de l'appartement est tapissé d'épines et de terre, et à présent nous nous contentons du mètre carré restant dans notre salon pour écrire nos articles et regarder nos dvd, les quatorze autres mètres carrés étant occupés par notre nouvel ami.

Viens chez moi, j'habite chez mon sapin



Sans compter que nous n'avons aucune idée du sort à lui réserver en janvier, le tri sélectif en vigueur ici n'incluant pas de benne de deux mètres pour les vrais sapins de noël pas écologiques.

Allright. Mais à la vérité, on s'en moque et pas qu'un peu, parce qu'on a décidément un trés, trés chouette sapin. Et au cas où vous ne l'auriez pas compris, on l'adore.

on l'aime, on l'adore, c'est fou comme on l'aime, il joue du piano debout, c'est peut-être un détail pour vous



Sandrine et Patrick d'un commun accord, pas très écologiques sur ce coup mais qui pour se rattraper feront leur tri sélectif très minutieusement ces six prochains mois.

23:30 Publié dans Périples | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : sapin, noel, turin, torino, alpes

04 décembre 2006

Luci d'artista

Jingle bells jingle bells, deck the hall et surtout surtout merry christmas par trois fois.
A partir de la mi-novembre à Turin, c'est l'esprit de noël qui déboule avec son traineau, ses bottes de sept lieues, et ses artistes contemporains.

En fait tout débute réellement bien des mois auparavant.
Flashback : dans un petit bureau de la piazza Veneto, un nuage de fumée s'élève d'une table ronde, où sont réunis les 23 artistes de l'organisation secrète du TAC (Torino Arte Contemporanea).

Mario brandit son cigarillo et rompt le silence.

- Bon les mecs, comme vous le savez nous avons pour mission de décorer la ville pour noël, et ce pour la troisième année consécutive. Alors cette année les cocos je veux de la créativité à gogo, inventez, osez. L'organisation compte sur nous.
- Quelle organisation le NTAC ?
- Non Luigi, le TAC.
- J'ai une vision novatrice les potos. On pourrait empiler des rondins pour en faire des colonnes, et puis les rondins seraient blancs et gris comme ça éventuellement les colonnes seraient rayées, j'aime bien les rayures.
- Ok. Ecoute moi bien Buren. Je te le redirai pas deux fois : tes colonnes rayées, on n'en veut toujours pas. C'est dépassé mon vieux, dé-pas-sé ! En plus tu nous a déjà fait le coup à Paris alors merci bien. L'organisation décline ta proposition.
- Tu veux parler de la CIA ?
- Non Luigi.
- Et si on plongeait la ville dans le noir ? Tu vois, genre, tu vois, une anti-luci d'artista, un truc énorme, niveau concept...
- Ouais Jan, formidou mais le truc c'est qu'on a déjà un contrat sponsoring avec EDF et ils vont peut être pas goûter au concept de l'anti-investissement.
- Moi je pense que l'esprit du SD6, c'est surtout la narration. Alors ce qui serait vraiment chouette ce serait de faire une histoire lumineuse un truc comme ça.
- Le TAC Luigi le TAC. Bon, c'est pas mal, ça me rappelle ton truc de l'an dernier mais on garde.
- Tiens ça me donne une idée de ouf les gars : si on refaisait exactement les mêmes décos que l'an dernier ? Ce serait hyper contemporain, tu vois genre concept un peu ethnique du temps cyclique, de la projection rétroactive, genre comme dans "Retour vers le futur" tu vois ?
- Wahou démentiel, formidou, je valide ! Mais au fait Joseph t'a rien fait toi l'an dernier ?
- Euh bah si un truc concept sur les murazzi.
- Ah ouais, ton néon blanc. Euh ouais.
- En tout cas ça devrait plaire au FBI comme idée parce que les structures sont prêtes, y a plus qu'à les monter, ça va leur économiser des ronds.
- Luigi, tu nous les brises menu. C'est le TAC, nous, le TAC, tu vas te mettre ça dans le crâne oui ?

Nous l'an dernier on n'était pas là, du coup on était quand même très contents de voir ces chouettes lumières d'artistes. En voici quelques unes avec nos appréciations (de une à cinq étoiles, on n'a pas réussi à dessiner le oui-oui de Télérama qui fait le gugusse avec un parapluie). Nous nous sommes permis d'utiliser quelques images du site du TAC suite à des soucis de batterie d'appareil photo survenus à mi-parcours.

Mario Merz, Il volo dei Numeri, Mole Antoniella



Mario, il n'a pas eu grand chose à faire. Sa suite de Fibonacci lumineuse est en effet présente toute l'année sur la Mole. En même temps, Mario, c'est le Boss du TAC, il fait ce qu'il veut.

Daniel Buren, Tapetto Volante, Piazza Palazzo di Città



Dany a laissé tomber ses colonnes, mais pas ses rayures. Pour le coup c'est une des créations les plus réussies. Son tapis volant à cubes rayés s'intègre parfaitement à la place de l'hôtel de ville. Et ce de jour comme de nuit, l'effet est saisissant.

Giulio Paolini, Palomar, Via Po



Il paraît que le mec qui fait le mariole sur un ballon est la métaphore de l'homme qui (sic) "se balance entre le connu et l'inconnu". Sacré Giulio.

Jan Vercruysse, Fontane Luminose Piazza Carlo Alberto


source : http://www.torinoartecontemporanea.it



Jan n'a pas tout à fait renoncé à son idée de black-out dans Turin. Il a juste fait quelques petites concessions.


Luigi Mainolfi, Lui è l'arte di andare nel bosco, Via Garibaldoche


source : http://www.torinoartecontemporanea.it



Luigi se promène dans un bois drôlement silencieux, et il y retrouve des enfants capturés par des lutins d'une organisation gouvernementale secrète.

Nicola de Maria, Regno dei Fiori, Piazza Carlino


source : http://www.torinoartecontemporanea.it



Il transforme les lampadaires en "fleurs qui à travers la lumière deviennent des nids cosmiques qui blabla bla... dans nos coeurs blablabla... l'univers". On comprend pas tout mais c'est très joli.


Carmelo Giammello, Planetario, Via Roma



Des constellations qui évoquent un réseau de transports métropolitains. On aimerait que celui de Turin soit aussi complet.


Rebecca Horn, Piccolli spiriti blu, Monte dei Cappuccini


source : http://www.torinoartecontemporanea.it



L'église entourée de ses ronds bleus devient un astronef paumé dans le brouillard du Pô. Bon quand elle l'explique c'est plus poétique mais il faut qu'on finisse cet article parce qu'il est tard, que demain c'est lundi et que nous aussi on doit installer nos guirlandes luci d'artista à nous dans notre appartement.

Sandrine et Patrick d'un commun accord

02 octobre 2006

Fanpharaons et sarkozyphages

...ou les mystères de l'Egypte à Turin (au cas ou le titre ne serait pas suffisamment explicite)

Turin est décidément une sacrée petite cachotière.

Nous pensions avoir plus ou moins fait le tour du proprio, et nous imaginions que le musée égyptien serait une modeste salle avec une pierre sacrée et deux momies qui se battraient en duel. Mais que nenni, che nenni comme on dit ici.

Comme Eddy Mitchell le dit si bien, « Le chemin de Memphis et de Thèbes passe par Turin, nin nin nin au muséee égyptieeen»
Ah non flute c’est Champollion himself qui l’a dit, on les confond toujours ces deux là.

Pour votre gourmette, sachez que le Musée Egyptien de Turin est considéré par les spécialistes de musées comme le plus important après celui du Caire. Créé dans les années 1824 (c’était un jeudi, bien sûr), ce musée a agrandi son patrimoine grâce entre autres à la collection privée du consul de France, qui s’en donna à coeur joie lors de l’expédition bonapartienne.

Dès l’entrée, c’est l’effervescence, on se bouscule aux postillons.

museo egizio

voir l'album



Ce qu’il y a de chouette dans ce musée, c’est que les objets sont dans un état de conservation proche de l’Ohio. Quand on visite des ruines romaines il faut avoir beaucoup d’imagination pour recréer le quotidien des autochtones, ici pas besoin d’audioguide c’est comme si on visitait Osiriscity.

D’ailleurs, on s’en va de ce pas vous faire vivre une journée typique d’une famille égyptienne au moyen-âge (au prorata).

Dès que le réveil sonne, l’égyptien moyen enfile ses tongues pour se rendre au boulot.

museo egizio

Comme beaucoup d’égyptiens, il est gratte-papier dans une fabrique de momies.
Quand il est au téléphone, notre égyptien fait comme tout le monde : il gribouille des visages au stylo-bille sur ce qui lui tombe sous la main.

museo egizio

Pendant son temps libre, il confectionne de très jolies momies de chats morts qui feront de chouettes peluches pour ses enfants.

museo egizio

Il imagine déjà ceux-ci jouer autour de l’âtre tandis que leur mère préparera des yaourts dans sa yaourtière modèle Seb-Isis flambant-neuve.

museo egizio

Et comme dans toutes les yaourtières, les yaourts seront trop liquides. Mais c’est le coeur léger que toute la petite famille filera au lit dans leurs sarcophages IKEIS.

museo egizio

au lit !



Pour la mémoire collective du patrimoine égyptien,
Sandrine et Patrick d'un commun accord en la mineur

22 septembre 2006

Magicobus

J'ai lu dans un livre paru à quelques exemplaires, qu'il existait un bus invisible à l'oeil des moldus, capable de vous transporter où vous le souhaitiez.
Eh bien à Turin, il y a plein de Magicobus.

Comme vous pouvez le voir sur les photos il existe bien un arrêt, mais où sommes nous ? quels bus passent ici ? Mystère.

magicobus

Arrêt de magicobus. Quel numéro demandez-vous ?



La première fois je me suis dit, "bon c'est normal que je vois rien je suis encore une moldette ici, dans une semaine voire deux je pourrais voir les arrêts et les numéros de bus correspondants". Mais le temps a passé et toujours rien...

magicobus

Et le numéro complémentaire est...le 16



"Allright, vous le prenez comme ça chers torinotrolls mais je sais comment ça marche".
Je me suis assise au pied de l'arrêt (enfin, du totem) désert, j'ai attendu attendu attendu et enfin un bus est arrivé, le 16 je m'en souviendrai toute ma vie, je suis montée dedans, je n'ai pas dit bonjour au chauffeur comme c'est ici la coutume, et j'ai pensé trés fort par 3 fois à l'endroit où je voulais descendre.



Croyez le ou non et bien mes amis 30 minutes plus tard j'étais à peu près au prorata (c'est pas une science exacte non plus) à l'endroit désiré.
Par la suite, j'ai renouvelé l'expérience, et je peux vous dire que cette méthode fonctionne environ une fois sur trois, en fait je pense que c'est une question de concentration tout simplement.

magicobus

Concentration #730, by Patsand



NDLR : Cet article a été écrit il y a quelques semaines. Depuis j'ai pris de la bouteille, et ça va beaucoup mieux merci : j'ai acheté un vélo.

Sandrine