10 juillet 2006
S'installer à Turin
Je me suis dit qu’il serait sans doute utile de partager notre expérience. Car certes, l’Italie est en Europe, et Turin n’est qu’à deux heures de route de la frontière française. Mais si vous devez venir vous installer en Italie, vous découvrirez vite que l’Union Européenne demeure à l’état de concept dans pas mal de domaines.
Je précise au cas où que cet article n’est que le fruit de nos recherches et de notre expérience, il peut donc ne pas s’appliquer à votre situation ou même comporter des erreurs. N’hésitez pas à nous remettre dans le droit chemin en nous laissant un commentaire si vous relevez des inexactitudes :-)
Voici un petit schéma récapitulatif .Cliquez sur les cases pour afficher le texte correspondant.
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Le passeport
Tout le monde a son passeport ? Son pyjama ? Sa brosse à dents ? Alors c’est parti mon kiki, en route pour l’Italie.
Le codice fiscale
C’est la clef de voûte de l’édifice administratif italien. Sans ce précieux code, un identifiant unique généré à partir de vos nom, prénom, lieu et date de naissance, on ne peut pas faire grand-chose en Italie. Pour plus d’info c’est par ici.
Comment l’obtenir ?
Première étape : plusieurs sites vous permettent de calculer votre codice online (par exemple, là). C’est assez utile si vous l’avez oublié ou perdu, et ça vous permettra déjà de faire les démarches pour lesquelles l’enregistrement de votre codice n’est pas vérifié. (carte SIM,…)
Attention, cela ne vous dispense pas de vous enregistrer à l’Agenzia delle Entrate la plus proche (il suffit de remplir un formulaire et de se munir de son passeport, c’est assez rapide si vous vous présentez en dehors des heures de pointe) : en effet il ne suffit pas de connaître votre codice, il faut aussi que l’administration soit au courant que vous allez l’utiliser…ce qui sera vérifié, par exemple, lorsque que vous signerez un contrat de bail pour votre appartement.
Trouver un appartement à Turin
D’abord, avant de partir, faites un tour sur les forums du Civi (site des VIE) et du MFE (français à l’étranger). Il y a souvent des annonces d’expatriés qui rentrent en France et libèrent donc un appartement.
Prenez aussi contact avec des gens sur place afin qu’ils vous recommandent à un propriétaire ou une agence avec laquelle ils ont déjà traité. Cela augmentera vos chances de pouvoir négocier le loyer (pour info, un ami a pu faire baisser un loyer de 1200 à 850 euros par ce biais).
Sinon, c’est la bonne vieille méthode : recherche d’annonces sur Internet, appel de l’agence, et visite. Une fois l’appartement choisi, vous pouvez essayer de négocier le prix (ça se fait couramment, surtout si la loi de l’offre et de la demande joue en votre faveur comme c’est le cas à Turin). L’agence rédige alors une proposition que le propriétaire doit valider avant la signature du contrat définitif.
Ou vivre à Turin ?
Eh bien ça dépend ça dépasse. Compte tenu de la désuétude du réseau de transports en commun hors du centre et de l’important trafic automobile dans le centre, un bon compromis est de chercher un appartement à la limite du centre historique. Ensuite, c’est aussi une histoire de positionnement stratégique par rapport au lieu de travail (sachant que si vous y allez en voiture, il vaut mieux éviter d’avoir à traverser le centre) de goût, et de budget.
Si vous optez pour l’est du centre historique, le quartier de Piazza Statuto et de Porta Susa est assez sympa, proche des bars du Quadrilatero et pas trop cher.
A l’ouest, entre la Piazza Cavour et le Pô c’est très joli, très vert, tranquille et pas loin des coins animés. Très chouette, mais les prix sont en général assez élevés.
Encore plus à l’ouest, de l’autre coté du Pô, sur la Collina c’est magnifique, mais pas très animé et très bourgeois,donc très cher.
Au nord, entre la place Vittorio Veneto, et le Corso San Maurizio, près de la Mole, c’est pas mal du tout mais pas donné. Encore plus au nord, il y a les bords de la Dora, euh, c’est bien si vous aimez l’ambiance docks désaffectés.
Au sud, retenez juste que plus on s’éloigne du Corso Vittorio Emmanuel, moins c’est vivant. J’éviterai en particulier le quartier de la Crocetta, assez huppé et résidentiel. C’est loin du centre, cher, et il n’y a pas grand-chose pour sortir le soir.
Et le centre historique lui-même ? Eh bien c’est très bien, si vous n’avez pas besoin de voiture. Au niveau des prix évidemment il n’y a pas de miracle mais on peut trouver de bonnes affaires dans le tas. Si vous avez une voiture, il vous faudra affronter les bouchons, les sens interdits, les zones piétonnes, et les problèmes de stationnement. Sinon c’est bien.
Et combien ça coûte tout ça ?
A Turin, les prix sont compris dans une fourchette de 400 euros à 1500 euros environ. Ils sont très très variables, en fonction du quartier (plus c’est central , plus c’est cher), et de l’âge du capitaine. Ainsi pour 600 euros, vous pourrez au choix loger dans 30m2 sous la Mole Antoniella, ou dans 100m2 à 30 minutes à pied du centre. Pour résumer, on pourrait dire que pour habiter près du centre dans 60m2, 500 euros est un prix convenable. Notez aussi que comme en France, il est plus rentable de rechercher un F2 ou un F3 qu’un studio, donc si vous n’avez que 300 ou 400 euros en poche optez plutôt pour une colocation.
N’oubliez pas enfin que le loyer « brut » ne comprend pas les charges d’entretien de l’immeuble (les spese condominiali, généralement autour de 30-40 euros par mois) et le chauffage (s’il est central, il faudra compter un total d’environ 500 euros pour les six mois d’hiver, s’il est individuel, ça risque de vous revenir plus cher, à moins que vous soyiez particulièrement résistants au froid).
Obtenir son permis de séjour
Ahhh…un grand moment en perspective ! Pas moyen d’y couper, puisque c’est obligatoire. Enfin, vous pouvez aussi ne pas le faire et vivre paisiblement en Italie pendant des années, mais bon, les choses sont déjà assez compliquées quand on est en règle, alors ce n’est peut être pas nécessaire de se tirer une balle dans le pied. Alors pour l’obtenir, évidemment en dehors du passeport vous aurez besoin de remplir un dossier et d’y adjoindre différents documents, mais comme tout cela dépend de votre situation propre je vous laisse regarder le détail sur le site de la Questura .
Une fois votre dossier constitué, armez-vous de patience et rendez-vous à la Questura la plus proche. A Turin, c’est Corso Verona 4, au nord de la ville, que vous devrez aller (attention à bien vérifier les horaires qui vous concernent.
Là, vous trouverez une sorte de hangar avec une petite cour, et un tas de gens disséminés un peu partout qui attendent, dont la moitié qu,i comme vous, ne savent pas trop ce qu’il faut faire, ni où aller, donc ne peuvent répondre à vos questions. Premier geste élémentaire de survie : arriver au moins une demi-heure avant l’ouverture et prendre son numéro de passage sous le porche d’entrée. Là, ce n’est pas si simple : vous aurez le choix entre des tickets de couleurs différentes. Je crois que pour une première demande il fallait prendre le ticket bleu. Bon personnellement j’ai pris un ticket de chaque couleur pour assurer mes arrières, mais si vous comprenez bien l’italien et que vous êtes sur de vous, pas la peine de gaspiller du papier. Ensuite, une porte finit par s’ouvrir au fond de la cour et vous voilà dans le hall.
C’est de nouveau la cohue car les gens vont tous demander des renseignements aux officiers de police qui contrôlent l’entrée à la salle des guichets, séparée du hall d’attente par une grille. Au dessus de la grille il y a un compteur pour chaque couleur de ticket. C’est là que j’ai pu me faire repréciser le ticket que je devais conserver, et que j’ai compris que mon ticket « E00 » signifiait « 100 » et que j’allais donc devoir attendre le passage de 67 personnes avant d’accéder au guichet. Après deux heures passées à aller et venir entre la fournaise de la cour baignée de soleil et le hall igloo over-climatisé, j’ai enfin passé les grilles de la liberté. La, un fonctionnaire a pris mon dossier, et m’a donné un reçu (qui, c’est important de le préciser, n’a aucune valeur administrative : ce n’est pas un permis temporaire. Il faut aussi savoir que le permis est délivré au bout d’un délai d’un mois minimum. Donc si vous avez prévu de faire une démarche pour laquelle vous devrez présenter le permis de séjour, prenez cette donnée en compte (ou alors faites-vous rapidement des amis dans l’administration) Une minute plus tard j’étais dehors, et pas beaucoup plus avancé…
Acheter une carte SIM
Normalement le passeport suffit pour acheter une carte SIM, mais parfois non (mais parfois en insistant un peu, oui). Dans le doute, munissez vous aussi de votre codice fiscale.
Les formules proposées sont, comme en France, assez diverses, mais la plus répandu est la formule « ricaribile » (prépayé) qui en Italie est à un prix abordable, facile à utiliser (vous pouvez tout gérer sur intermet) et finalement bien pratique pour maîtriser sa consommation.
Parmi les différents opérateurs, c’est Vodafone qui m’a semblé proposer les offres les plus intéressantes. Sinon, il y a aussi Wind (je n’ai pas testé), ou TIM (s’il y a « Telecom Italia » dans le nom, c’est que c’est cher).
Enfin, lorsque vous calculerez votre budget, souvenez-vous que :
- en Italie vous payez d'entrée une taxe (autour de 15 cents, variable selon les offres/options choisies) pour émettre et pour recevoir un appel. C'est également vrai pour le téléphone fixe.
- lorsque vous achetez une recharge de 25 euros par exemple, vous payer la recharge elle-même 5 euros, donc vous n'êtes crédités que de 20 euros au final.
La carte de résident
Si votre foyer fiscal est encore en France (par exemple, si vous êtes en VIE), l’aventure se termine ici, vous devrez renoncer à tous les avantages financiers que le statut de résident peut offrir. Sinon ? ben, du coup, sinon, je ne sais pas. J’ai juste vu sur le site de Laurent et Juliette à Lecce que c’est très très très long à obtenir et qu’un type doit passer chez vous pour vérifier que vous habitez bien là.
Téléphone et Intermet
Je sais, on dit « Internet » pas Intermet. Mais mon grand-père dit « Intermet » et je trouve ça plutôt mignon.
Bref, si vous souhaitez avoir Intermet, et une ligne de téléphone fixe à la maison, je vais vous livrer un premier secret : c’est hors de prix. Et tout spécialement Alice (Telecom Italia), qui pratique une politique de prix qui ferait passer France Telecom pour du low-cost.
Accrochez-vous les enfants : pour Intermet et le téléphone en illimité, il faudra sortir environ 70 euros de votre poche (hors frais d’activation de la ligne, autour de 150-200 euros). Là-dedans, il faut compter, comme en France, une quinzaine d’euros pour l’abonnement téléphonique.
Heureusement il y a, non pas Findus, mais des FAI (fournisseurs d’accès) comme Tiscali ou Libero qui proposent la même formule pour 40 euros tout compris. Par contre si vous passez par Tiscali vous devez déjà posséder un numéro de téléphone. Ce n’est pas le cas pour Libero si vous êtes dans une zone couverte par leur propre réseau téléphonique, InfoStrada. Vous pouvez aussi vous adresser, dans cette gamme de prix, à un FAI local comme Tex97.
En revanche, les avis de consommateurs sur ces FAI plus économiques sont un peu décourageants. C’est un peu comme si des consommateurs français parlaient du service après-vente de Free…
Enfin, une autre solution, pas tellement économique, mais efficace et rapide, est en vogue ici : le cable (Fastweb). La encore, pour avoir un accès très basique c’est 20 euros, et pour un ternet illimité il faut débourser 60 euros par mois, mais au moins l’activation est gratuite et très rapide.
Bref, une seule chose est certaine : quelque soient le FAI et la formule que vous aurez choisis, ce sera bien trop cher pour ce que c’est.
Vous trouverez aussi d'autres avis sur les FAI sur le forum de MFE
Et pour Téléphoner vers la France ?
J'ai vu quelques offres optionnelles de FAI dans ce sens mais aucune ne m'a paru particulièrement alléchante. Si vous en connaissez une chouette, n'hésitez pas à nous le faire savoir :-)
Sinon comme dans tous les pays il reste les cartes prépayées à acheter au bureau de tabac.
Je me permets de recopier ici un message qu'Helder a posté sur le forum du Civi:
(...) Les cartes sont les suivantes :EDICARD,EASY CARD.
Tu ne les trouves pas partout mais dans un réseau de distributeur agréés (le plus souvent ce sont des bars)
Si tu as un fixe en ITALIE, tu pourras tél 350 min vers la France pour 10€. Si tu appeles depuis une cabine, ca passe à 82min car telecom italia prend son bout de fromage...
Ouvrir un compte bancaire
Je manque cruellement d’informations à ce sujet…
A ma connaissance les banques italiennes ne sont pas tendres avec les étrangers, surtout s’ils ne sont pas résidents. Du coup, nous avons renoncé à ouvrir un compte, et on se débrouille très bien avec notre compte français. On retire de l’argent dans les banques qui ont un accord avec la notre histoire de limiter les commissions, et tout va bien.
Acheter une voiture
Oulala. Ouille aille ouille.
Epineux problème.
Vous ne pouvez pas acheter une voiture et la faire immatriculer en Italie sans être résident. J’ai entendu certains concessionnaires me dire que le permis de séjour suffisait, mais ça reste à vérifier.
Si vous n’êtes pas en mesure d’obtenir la résidence italienne, rentrez en France acheter votre voiture. Vous la paierez peut être un peu plus cher (et encore) mais vous vous rattraperez sur l’assurance. Par contre, si vous faites assurer votre voiture en France, vérifiez que l’assurance accepte de vous couvrir en Italie. Là encore, c’est loin d’être gagné, car la majorité des assureurs ne vous couvre que pour une durée d’un mois consécutif à l’étranger. Vous pouvez toujours omettre de déclarer à votre assureur que vous serez en Italie pendant un ou deux ans, mais personnellement je trouve le pari un peu risqué.
Inversement, si vous pouvez acheter un véhicule en Italie, sachez que le changement de propriétaire vous coûtera 500euros si vous achetez un véhicule d’occasion.
Allons plus loin : vous pouvez aussi acheter une voiture en Italie, et la faire immatriculer en France. Enfin, sur le papier vous pouvez, c’est le concessionnaire qu’il faudra convaincre…Il faut alors passer par les Mines, et éventuellement en fonction de l’age du véhicule lui faire repasser un contrôle technique en France (ce qui implique donc de la ramener en France sans être assuré puisqu’elle sera encore immatriculée en Italie). Bref ça n’est pas forcément plus économique au final, et ça prend du temps.
Enfin, pour parler rapidement du leasing, en Italie comme en France cette solution n’est intéressante que si vous envisagez de conserver votre véhicule 36 mois. Pour une durée d’un an, les tarifs sont équivalents au prix de revient d’une location mensuelle classique (c’est-à-dire entre 400 et 600 euros)
Assurer sa voiture
En Italie, l’assurance auto tous risques n’existe pas (je crois deviner pourquoi :-)). La majorité des gens sont de toute façon simplement assurés au tiers. Et quand on voit le prix des assurances, on comprend pourquoi. Pour réduire un peu la note, beaucoup d’italiens passent par les assurances sur le net. Les deux plus connues sont http://www.directline.it/ et http://www.genialloyd.it/ . Je n’ai pas beaucoup creusé la question, mais un test rapide m’a permis de vérifier qu’elles étaient relativement économiques (j’ai bien dit : relativement aux autres).
Stationner dans Turin
A Turin, il y a plusieurs formules pour se garer dans le centre sans nourrir les parcmètres jour et nuit.
- l’abonnement places bleues : pour 20 euros par mois (ou pour une poignée de clous si vous etes résident) vous pouvez vous garer a volo sur les places de parking délimitées par un trait bleu.
- Les parkings à barrières : entre 40 et 80 euros par mois selon la formule choisie.
Ces abonnements sont gérés par la GTT (la RATP locale).
Je vous laisse consulter le détail sur le site de la GTT
Le télépéage
Si vous utilisez l’autoroute quotidiennement pour vous rendre sur votre lieu de travail, vous pouvez prendre un abonnement Telepass, qui s’avère alors, comme l’abonnement au parking, très intéressant financièrement. En revanche, vous aurez besoin d’un compte bancaire italien pour effectuer vos virements. A vous de voir…
10:55 Publié dans S'installer à Turin | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : installation, expatriation, turin, torino, italie