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04 décembre 2006

Luci d'artista

Jingle bells jingle bells, deck the hall et surtout surtout merry christmas par trois fois.
A partir de la mi-novembre à Turin, c'est l'esprit de noël qui déboule avec son traineau, ses bottes de sept lieues, et ses artistes contemporains.

En fait tout débute réellement bien des mois auparavant.
Flashback : dans un petit bureau de la piazza Veneto, un nuage de fumée s'élève d'une table ronde, où sont réunis les 23 artistes de l'organisation secrète du TAC (Torino Arte Contemporanea).

Mario brandit son cigarillo et rompt le silence.

- Bon les mecs, comme vous le savez nous avons pour mission de décorer la ville pour noël, et ce pour la troisième année consécutive. Alors cette année les cocos je veux de la créativité à gogo, inventez, osez. L'organisation compte sur nous.
- Quelle organisation le NTAC ?
- Non Luigi, le TAC.
- J'ai une vision novatrice les potos. On pourrait empiler des rondins pour en faire des colonnes, et puis les rondins seraient blancs et gris comme ça éventuellement les colonnes seraient rayées, j'aime bien les rayures.
- Ok. Ecoute moi bien Buren. Je te le redirai pas deux fois : tes colonnes rayées, on n'en veut toujours pas. C'est dépassé mon vieux, dé-pas-sé ! En plus tu nous a déjà fait le coup à Paris alors merci bien. L'organisation décline ta proposition.
- Tu veux parler de la CIA ?
- Non Luigi.
- Et si on plongeait la ville dans le noir ? Tu vois, genre, tu vois, une anti-luci d'artista, un truc énorme, niveau concept...
- Ouais Jan, formidou mais le truc c'est qu'on a déjà un contrat sponsoring avec EDF et ils vont peut être pas goûter au concept de l'anti-investissement.
- Moi je pense que l'esprit du SD6, c'est surtout la narration. Alors ce qui serait vraiment chouette ce serait de faire une histoire lumineuse un truc comme ça.
- Le TAC Luigi le TAC. Bon, c'est pas mal, ça me rappelle ton truc de l'an dernier mais on garde.
- Tiens ça me donne une idée de ouf les gars : si on refaisait exactement les mêmes décos que l'an dernier ? Ce serait hyper contemporain, tu vois genre concept un peu ethnique du temps cyclique, de la projection rétroactive, genre comme dans "Retour vers le futur" tu vois ?
- Wahou démentiel, formidou, je valide ! Mais au fait Joseph t'a rien fait toi l'an dernier ?
- Euh bah si un truc concept sur les murazzi.
- Ah ouais, ton néon blanc. Euh ouais.
- En tout cas ça devrait plaire au FBI comme idée parce que les structures sont prêtes, y a plus qu'à les monter, ça va leur économiser des ronds.
- Luigi, tu nous les brises menu. C'est le TAC, nous, le TAC, tu vas te mettre ça dans le crâne oui ?

Nous l'an dernier on n'était pas là, du coup on était quand même très contents de voir ces chouettes lumières d'artistes. En voici quelques unes avec nos appréciations (de une à cinq étoiles, on n'a pas réussi à dessiner le oui-oui de Télérama qui fait le gugusse avec un parapluie). Nous nous sommes permis d'utiliser quelques images du site du TAC suite à des soucis de batterie d'appareil photo survenus à mi-parcours.

Mario Merz, Il volo dei Numeri, Mole Antoniella



Mario, il n'a pas eu grand chose à faire. Sa suite de Fibonacci lumineuse est en effet présente toute l'année sur la Mole. En même temps, Mario, c'est le Boss du TAC, il fait ce qu'il veut.

Daniel Buren, Tapetto Volante, Piazza Palazzo di Città



Dany a laissé tomber ses colonnes, mais pas ses rayures. Pour le coup c'est une des créations les plus réussies. Son tapis volant à cubes rayés s'intègre parfaitement à la place de l'hôtel de ville. Et ce de jour comme de nuit, l'effet est saisissant.

Giulio Paolini, Palomar, Via Po



Il paraît que le mec qui fait le mariole sur un ballon est la métaphore de l'homme qui (sic) "se balance entre le connu et l'inconnu". Sacré Giulio.

Jan Vercruysse, Fontane Luminose Piazza Carlo Alberto


source : http://www.torinoartecontemporanea.it



Jan n'a pas tout à fait renoncé à son idée de black-out dans Turin. Il a juste fait quelques petites concessions.


Luigi Mainolfi, Lui è l'arte di andare nel bosco, Via Garibaldoche


source : http://www.torinoartecontemporanea.it



Luigi se promène dans un bois drôlement silencieux, et il y retrouve des enfants capturés par des lutins d'une organisation gouvernementale secrète.

Nicola de Maria, Regno dei Fiori, Piazza Carlino


source : http://www.torinoartecontemporanea.it



Il transforme les lampadaires en "fleurs qui à travers la lumière deviennent des nids cosmiques qui blabla bla... dans nos coeurs blablabla... l'univers". On comprend pas tout mais c'est très joli.


Carmelo Giammello, Planetario, Via Roma



Des constellations qui évoquent un réseau de transports métropolitains. On aimerait que celui de Turin soit aussi complet.


Rebecca Horn, Piccolli spiriti blu, Monte dei Cappuccini


source : http://www.torinoartecontemporanea.it



L'église entourée de ses ronds bleus devient un astronef paumé dans le brouillard du Pô. Bon quand elle l'explique c'est plus poétique mais il faut qu'on finisse cet article parce qu'il est tard, que demain c'est lundi et que nous aussi on doit installer nos guirlandes luci d'artista à nous dans notre appartement.

Sandrine et Patrick d'un commun accord