Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04 février 2007

Universiade, épisode 2 : les concerts



L'Universiade, c'est le sport, le dépassement de soi, plus haut, plus loin, plus fort, veni, vidi, vici, pierre qui roule tous les chats sont frits, et tout ce genre de choses.

Mais chi va piano va sano. C'est pourquoi les organisateurs ont aussi pensé à la rigole, et ont invité une brochette de chanteurs de renommée internationale à Turin. Avec à la clef un concert gratuit, chaque soir sur la Piazza Vittorio Veneto, à deux cent mètres de chez nous.

Le premier soir, on était drôlement contents, parce qu'on connaissait le groupe qui allait se produire : Le Vibrazioni.



On écoutait déjà en boucle son dernier single sur radio KissKiss, la radio che ti ascolta. On était donc fin prêts à reprendre avec le public le refrain de Vieni da me, notre titre préféré, qu'on avait appris par coeur, et à vibrer de concert avec nos amis piémontais. Bon. On s'est peut être un peu emballé : des heures de répétition sous la douche, dans la cuisine, l'achat de deux micros pour des duos chargés d'émotions, les yeux dans les yeux.
Et puis le jour F, on était les deux seuls gugusses à chanter à tue tête au milieu de quelques milliers de personnes à l'enthousiasme plus que pondéré.



le clip entier de Vieni da Me est


Du coup pour notre deuxième concert, on n'avait rien révisé. C'est-à-dire que le groupe en question, Caparezza, était présenté comme le grand espoir italien du rap alternatif. C'est dire à quel point la description donnait envie. Damdidideh, damdididah, on s'est encore trompé sur ce coup là.



Caparezza, c'est un peu Eminem qui se déguiserait en costume de Mickey pour faire marrer les enfants. Une sorte d'ovni, à mi-chemin entre le rap east coast et le bébête show. Et là, pour le coup, la place était envahie par une foule compacte et bondissante.



Au fil des concerts, on a commencé à mieux cerner les goûts musicaux des turinois. Et quand le groupe franco-argentin Gotan Project s'est produit le dernier soir, on n'a même pas été surpris de les voir tous danser le tango dans une sorte de transe collective, pendant qu'on baillait à se décrocher la machoire à côté.

Ils sont bizarres ces piémontais. On leur offrirait U2 sur un plateau, qu'ils resteraient de marbre. Par contre, ils se déchaînent pour un rappeur anarchiste qui cultive l'autodérision.



damdididah, plus de Caparezza ici et


On a eu par la suite l'explication de ce comportement collectif étonnant. D'après certains experts en sociologie psychomotrice (en tout cas, d'après les collègues de bureau de Patrick), les turinois ont en eux quelque chose de tenessee, un côté rebelle et indiscipliné, voire révolutionnaire.

C'est pourquoi, lorsque le turinois moyen prend son ticket pour faire la queue à la poste, quand il sort ses poubelles (une pour le plastique, une pour le verre, une pour le carton), ou qu'il attend sagement le bus pendant des heures dans le froid, il a dans la tête ce petit refrain "Damdidideh, damdididah, ni dieu ni roi, sans foi ni loi".

Sandrine et Patrick d'un commun accord