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04 août 2006

Ciao par ci, ciao par là

Ce serait un peu frustrant de parler de notre appartement, de notre quartier ou de notre dernier week-end sans avoir la moindre photo à vous montrer sous le coude, alors on va remettre ça à plus tard, allright ?

Allez hop je vais profiter de ce qu'on est là tous ensemble pour vous parler d’un phénomène tout à fait intéressant d’un point de vue anthropologique.

Le saviez-vous ? Chez nous, il est de bon ton de saluer chaque collègue, poignée de main par l’appui, une seule et unique fois par jour (en dessous d’une fois, c’est impoli, et au dessus, c’est insultant). Eh oui, en France on est un peu des grands enfants, on est capable de se vexer très fort parce que Robert nous a dit bonjour deux fois hier. Alors qu'au fond, on s'en fout royalement de Robert, et meme en plus on l'aime pas trop.

Les italiens ont au contraire tendance à se saluer N+1 fois dans la journée, N tendant a volo vers l’infini. C’est simple et efficace : on se serre rarement la pince, mais on dit « ciao » dès qu’on croise quelqu’un, meme si on vient de le saluer il y a deux minutes. C’est peu déboussolant, certes, mais cette méthode présente un avantage immense par rapport au modus salutandus français.

Elle permet en effet d’éviter la situation suivante, facheuse mais o combien fréquente :
Dans un couloir, on se retrouve face à Jean-Louis, un individu lambda à qui on n'adresse jamais la parole, et notre cerveau se met à mouliner à toute berzingue :

« Tiens c’est Jean-Machin flute je peux pas lui dire bonjour je l’ai vu ce matin et je crois que je lui ai dit déjà bonjour sapristi je sais plus bon en tout cas si je dis rien il va croire que je l’ignore mais si je dis bonjour il va peut etre se vexer vite faut que je trouve un truc intelligent à lui dire, ou un truc marrant, mais qu'est ce que je vais bien pouvoir lui dire à ce type ?».

A partir de là, plusieurs possibilités se présentent:

- lancer une remarque passe partout avec un air assuré. Ex: "Hey il fait super chaud dis donc dans ce couloir!". Votre interlocuteur n'as plus qu'à répondre "ah ah ah oui c'est vrai" en pensant très fort "mais quel abruti".

- marmonner un truc inintelligible que votre interlocuteur interprètera comme bon lui semble. C'est une tactique assez finaude, mais qui présente un gros point faible : le type peut s'arreter et vous demander de répeter.

- grimacer un sourire niais et un peu gené, et passer en silence. Attitude très répandue, mais pas très classe.

- se plonger dans ses dossiers d'un air affairé/regarder dans le vide/faire volte face subitement, ou toute autre expression corporelle signifiant « pardon, tu es à un mètre de moi mais je ne t'ai pas absolument pas remarqué car je suis tellement overbooké/préoccupé/je viens de me rappeler un truc urgentissime». Attitude encore plus répandue, et encore moins classe.

Tout ça pour dire que le salut à l'italienne, au fond, c’est pas si mal.

Sinon, ça va ?

All right les amis, nous revoici. On a du pain sur la planche en terme de choses à raconter, et malheureusement peu de temps et de moyens pour le faire.

En effet, nous avons déménagé le week-end dernier pour nous installer dans un chouette appartement dans la rue la plus huppée de Turin, et depuis nous n’avons plus donc ni téléphone ni Intermet. Ce sera donc un article low-cost : pas de photos espiègles, pas d’envolées lyriques, et pas d’accents circonflexes.

Allons à l’essentiel : Sandrine va bien, elle peut enfin évoluer à loisir dans le centre de Turin - d’autant plus qu’il fait moins chaud ces temps-ci. Et puis c'est quand meme autre chose d'etre chez soi qu'a l'hotel comme je dis toujours. En revanche elle est un peu coupée du monde depuis samedi, et ça la travaille un brin. Tenez par exemple hier je l’ai retrouvée assise en tailleur dans la cuisine, occupée à fabriquer un téléphone avec des gobelets en carton, une corde et du scotch.

Patrick va bien, meme si les méandres de l’administration italienne commencent à lui peser quelque peu. J’en reparlerai un de ces quatre, mais les enfants, dites vous bien que l’Union Européenne et la libre circulation des personnes et des biens, c’est pas pour demain. Et meme je pense d’ici la semaine prochaine ce sera pas encore au point. A part ça, les italiens ne me demandent plus si je suis javanais quand j'essaie de communiquer dans leur langue. Ils se contentent de froncer les sourcils avant de hocher la tete avec un regard débordant de compassion. Ca doit vouloir dire que je progresse non ?

Enfin bref. En résumé ça va. Et sinon, vous, ça va ?