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CioccolaTÒ
Turin, capitale intergalactique du chocolat
C'est vrai, il y a de quoi être surpris : chaque année, Turin est déclarée capitale interstellaire du chocolat, et tout le monde a l'air de trouver ça normal. Mis à part peut-être les belges, les suisses, et les gens qui viennent nous rendre visite.
Les turinois, eux, sont sûrs de leur fait : Turin, c'est la ville du chocolat et puis voilà et puis c'est tout.
Essayons de comprendre avec une preuve par neuf en quatres parties distinctes : thèse, antithèse, synthèse, prothèse.
Sujet : "chocolat douceur, chocolat bonheur, cette confiserie vient-elle de Turin ?", développer-couché en quatre par quatre.
De tous temps, les hommes ont cherché à se dépasser, notamment en terme de chocolat.
"Citius, altius, fortius", "Plus loin, plus haut, plus fort" comme disait souvent Pierre de Coubertin.
Nous verrons donc dans un premier temps en quoi le chocolat vient de Turin, puis nous étudierons le lien entre la ville et le chocolat, et pour conclure nous démontrerons que le chocolat vient bien de Turin.
Première partie
1560 : Emmanuel Philibert, roi de Savoie, vient d'apprendre par son valet de chambre que la capitale du royaume est transférée de Chambéry à Turin. Etreint par une joie intense, il décide de fêter dignement la nouvelle. Il pense bien entendu à un petit apéritivo sympatoche, mais il n'y a plus de vermouth et il se rabat sur une bonne tasse de chocolat chaud au coin du feu.
C'est moins rock and roll, mais ça reste exceptionnellement festif. Cette histoire fait le tour de Turin, et pas plus tard que le lendemain, tous les turinois fêtent à leur tour l'évènement une tasse de chocolat à la main. C'est du jamais vu, et c'est ainsi que débute l'histoire d'amour entre la ville et le chocolat.
Deuxième partie
1606 : la chocomania
Mais le cacao fait vraiment vraiment son arrivée dans la région transalpine en 1606. D'après nos calculs, cela faisait donc 46 ans que les habitants faisaient semblant de déguster du chocolat chaud, une tasse imaginaire à la main, le chocolat étant jusque là, réservé à la famille royale. Nous ne voyons pas d'autre explication logique à ce trou historique d'un demi-siècle. Les historiens planchent encore dessus.
A partir de là, les chocolatiers éclosent comme des petits pains, tout un chacun devient chocolatier, c'est la nouvelle marotte à Turin. On raconte par ailleurs que Casanova en était un consommateur effréné, et que c'était la seule chose qui lui permettait de tenir la cadence en terme de conquêtes et d'exercice physique.
L'histoire fait le tour de Turin, et pas plus tard que le lendemain, les turinois se ruent sur ce précieux expédient.
Troisième partie
Les deux siècles suivants s'écoulent sans anicroche, et Turin reste la ville de référence en terme de chocolat. En 1802, les chercheurs en chocolat mettent au point une technique qui permet de solidifier le chococroque pour en faire des tablettes. Les choses se gâtent lorsqu'un petit suisse apprenti, François-Louis Cailler, file en douce avec les plans de la machine et rentre au pays, pour fonder, comme par hasard, la première chocolaterie suisse.
On dit les suisses, les suisses, mais à Turin aussi on sait faire du chocolat en tablette, oui madame parfaitement, on en fait même en forme de fromage et de saucisson, c'est vous dire s'ils sont forts
Et c'est ainsi qu'encore aujourd'hui, les gens sont persuadés que le chocolat est une spécialité suisse.
Par ailleurs, les turinois vouent une haine sempiternelle à ce jeune félon, d'où l'expression "c'est laid, Cailler" mais bon ça on en est pas sûrs sûrs. A vérifier.
Quatrième partie
Enfin en 1852, les turinois contre-attaquent et inventent un chocolat fabriqué avec du lait, du sucre, du cacao et les merveilleuses noisettes du Piémont. Comme il vous dégueulasse les doigts comme un rien, ils l'emballent dans un papier doré.
C'est le premier chocolat emmailloté de l'histoire de l'humanité.
Et, sans raison particulière, ils lui donnent une forme de petit bateau.
A l'issue de 13 ans de tests qualité et de crash tests en tous genres, le chocolat est prêt à être lancé sur la place publique.
En 1865, à l'occasion du célèbrissime carnaval de Turin, un certain Peyrano, maître-chocolatier de son état, reprend donc la recette et la propose à un panel de consommateurs.
Le succès est tel que, distinction suprême, la friandise reçoit le nom de la mascotte du carnaval, la fameuse marionnette Gioan d'la douja (Jean de la Chope), qui tient elle même son nom d'un paysan piémontais qui s'enquillait pas mal de chopes (douja) au comptoir.
Caffarel, un gros bonnet du Gianduja
Rendez-vous compte, c'est un peu comme si vous inventiez un dessert sublime et qu'on l'appelait "Guignol" en vous assurant que c'est vraiment parce que c'est vous. Bref. Le Gianduja était né.
Bien plus tard, lors de leur mariage Grace Kelly et le Prince Rainier III le choisiront comme bonbon de noces.
L'histoire fait une fois de plus le tour de Turin, et pas plus tard que le lendemain, tout le monde s'en fout.
En conclusion, nous avons brillament démontré, à l'aide d'arguments historiques parfaitement véridiques, que le chocolat vient de Turin. Mais on pourrait se demander si Turin vient du chocolat ?
Ah tiens on devait vous parler du Salon du chocolat.
Eh bien c'était très bon.
Et si vous n'y étiez pas, il vous reste toujours les yeux pour admirer nos photos et pour pleurer.
Sandrine et Patrick d'un commun accord.
17 mars 200720:45 Publié dans Gastronomie | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : cioccolato, torino, chocolat, gianduja, gianduia
Commentaires
et bien !!
c'est l'encyclopédie du chocolat italien ..
merci et bon Dimanche
Écrit par : bernard | 17 mars 2007
Coco di lupo al tutti frutti del mare !
Attends, attends, tu es en train de nous expliquer que le banania a été inventé en 1606 à Turin ?
Écrit par : Chulien | 18 mars 2007
J'adore l'histoire revisitée par les Turinois, Sand et Pat.
Si le Gianduja fut le bonbon des noces de Grace Kelly et Rainier III aujourd'hui une pub nous informe qu'un autre chocolatier italien fait un tabac lors des soirées chez l'Ambassadeur(Ferrero "Roche d'or")
Écrit par : gg | 18 mars 2007
Bonjour,
Je ne savais pas que les Italiens étaient aussi friands en chocolat comme les Suisses et les Belges,je n'ai pas gouté encore au chocolat italien,j'espère un jour en trouver dans les magasins en France comme je peux trouver du chocolat suisse et belge qui coute un peu plus cher le chocloat français.
Écrit par : albert | 18 mars 2007
Albert: Tu n'as jamais mangé de la Nutella? (Ok, on ouvre ici le debat sur de la Nutella ou du Nutella)
Bref, tres jolie article, j'ai appris des choses. La prochaine fois qui je vais manger des Gianduiotti, je vais sans doute mieux les apprecier.
Sinon l'expression: "Comme il vous dégueulasse les doigts comme un rien" ca m'a bien amusée.
Miam!
Auramaga
Écrit par : Auramaga | 19 mars 2007
Sympatoche votre article... je vois que vous n'avez rien perdu de votre prose !
Juste une précision: le paysan piemontais jean de la chope tient son nom non pas de son insistant penchant envers l'alcool, quoique c'etait jamais le dernier à rhabiller la soeur... mais bel bien parce qu'il avait chopé la femme du barman un soir de Saint Patrick, ce salopard... donc oui y a bien un lien avec l'alcool, mais je me permets de vous corriger et rendre à Cesar ce qui appartient à Jean de la Chope: c'etait pas qu'un ivrogne ce Jeanot !
Écrit par : greg | 19 mars 2007
Le chocolat et ses origines est sujet à bien des controverses comme pour toutes les découvertes.
Ainsi nous pourrions peut être voir un jour un article intitulé "les turinois ont inventé l'éclairage parce qu'on dit FIAT lux à Turin"(là jai honte)
Alors que Pierre Desproges traduisait cette locution latine, tout simplement par:
"Oh, la belle voiture!"(même s'il a réellement dit ça, j'ai encore plus honte)
Écrit par : gg | 20 mars 2007
Je suis toute en joie d'avoir découvert votre blog. Merci merci et encore merci. Je suis une amoureuse de l'Italie et je m'apprête à venir à Turin pour quelques jours. J'ai choisi la destination un peu par hasard (et beaucoup par pression de mon porte-monnaie ainsi que d'une certaine méga-réduction pour un Paris-Turin trouvée dans les couloirs du métro) et je suis loin de le regretter à présent que je vous lis. Nutella, Fiat, le gianduja et les apéritifs (le Martiniii), je connaissais et raffolais de tout ça mais si je m'attendais à aller les voir au berceau. Désolée pour ce commentaire tout excité mais je n'y tiens plus. Je vais suivre votre blog :)
Écrit par : tatamiet | 20 mars 2007
Pour voyager vous m'avez fait voyager. Quel beau pays! Le bonjour d'un Belge admiratif...huuuum!
cantare.
Écrit par : cantare | 21 mars 2007
bernard : wahou, encore une pole position ! bon en fait au départ on voulait juste expliquer pourquoi il y avait un salon du chocolat à turin, et puis on s'est un peu emballé...
Chules : écoute, le banania a très certainement été créé à turin. ne prete pas l'oreille aux rumeurs qui prétendraient le contraire, ce ne sont que calomnies colportées par le lobby des chocolatiers suisses, visant à minimiser l'importance de l'italie dans l'histoire du chocolat. D'ailleurs, n'a t'on pas tenté, de la meme manière, de nous faire croire qu'il y avait de la banane dans le banania ? CQFD.
gg : oh oui tu peux avoir honte :-) bon en meme temps ca nous a fait rire (enfin une fois qu'on a compris ta blague, il a quand meme fallu qu'on fasse un peu mouliner les neurones)
albert : a priori si tu veux gouter du chocolat italien, les marques les plus connues à part ferrero, c'est venchi et caffarel...surtout pour les giandiuiotti
auragama : merci, on espère juste ne pas avoir raconté complètement n'importe quoi ! bon on s'est documenté, mais on n'est jamais à l'abri d'une erreur historique...tiens par exemple, le banania...
greg d'la douja : écoute si tu le dis, on te fait confiance grégounet. Je me demandais seulement si ton message contenait un quelconque élément autobiographique, rapport au dernier we de la Saint Patrick ?
tatamiet : merci bien ! eh bien on te souhaite un très bon we à turin, et n'hésite pas à nous contacter par mail si tu as besoin d'infos un peu plus pragmatiques !
cantare : merci, et bien le bonjour en belgique, qui est aussi un très chouette pays, notamment en terme de chocolats
Écrit par : patsand | 21 mars 2007
Qu'ajouter , après cette débauche de chocolat (arghhhh !!!MA DROGUE !!!!) qui m'a fait saliver plus que de raison , et me ruer sur ma tablette -entamée - qui -ne - dure- jamais-plus - d'une - journée...(c'est dire !) et ces commentaires tous plus goûteux les uns que les autres !!!!(évidemment , vu le sujet ! ) D'ailleurs , c'est bien simple , mon clavier est couvert d'empreintes chocolatées , j'ai eu besoin d'une piqûre de rappel ...
En tout cas , je voudrais bien connaître le "truc" de Bernard pour être toujours le 1 er à commenter !!!Tu passes la journée devant ton écran , Bernard ?
Cantare , tu ne devrais pas mettre le même commentaire partout ! Comme je suis aussi une fana du blog de Laurent et Juliette à Lecce , je t'ai repéré ! Ce qui m'a incité à aller visiter ton blog !....Petit malin !....
Sandrine et Patrick , vous me donnez une furieuse envie d'aller à Turin !Bon séjour , tatamiet !
A bientôt , les amis ! Je vous aime !!!
Écrit par : Alwen | 21 mars 2007
Erratum :
d'une part, tout le monde sait qu'un plan ne se contruit jamais en nombre de partie paire, sinon, c'est bancal. J'en prend pour exemple une table : avec trois pied, elle est forcément stable, puisque les trois pied descine un plan. tandis qu'avec 4 pieds, bas forcément, c pas stable, parce qu'avec 4 points, t'as plus 1 plan mais 4 (enfin, sauf si le vecteur d'un des points s'exprime avec ceux des trois autres, mais là, ce serait vraiment un coup de bol).
Du coup, je crois bon de te préciser qu'un plan ne possède que 3 partie, et qu'elle se nomment thèse, antithèse et Fabienbarthèse.
Autre erreur, ce n'est pas coubertin qui a dit : "Plus loin, plus haut, plus fort" mais nico dans Extrème limite, le feuilleton sportif de France 2.
Bien cordialement,
Christian
et tant pis si mon mail est blindé de fautes
Écrit par : prixm | 23 mars 2007
En fait, le feuilleton "Extrême limite" a été diffusé pour la première fois sur TF1 en 94 et la chanson était interprétée par Gregori Baquet, le chanteur mondialement connu.
En plus du sport, ce feuilleton top intello traitait de la métaphysique et laissait bien loin derrière les Aristote, Heidegger, Kant qui, bien qu'ayant déja traité le sujet passaient alors pour des apprentis.
Si vous êtes prêts à vous interroger sur la condition humaine dans l'existentialisme et ne redoutez pas littérature ardue vous pouvez vous faire une idée ici:
http://www.coucoucircus.org/series/generique.php?id=281
Après cette épreuve, un bon carré de chocolat contenant des tas de sels minéraux est vivement recommandé.
Chocolatement votre!
Écrit par : gg | 24 mars 2007
Alwen : merci merci mille fois et gros bisous ! nous pensons de plus en plus serieusement que bernard a pris le controle des commentaires via un réseau d'agents infiltrés en haut lieu. Corruption, abus de pouvoir, c'est pas joli joli tout ça bernard....
prixmian : le coup du plan me parait assez peu convaincant. en effet, je me permets de te rappeler que petit un, dans un espace tridimensionnel deux vecteurs suffisent à définir un plan, puisque que de facon plus générale dans un espace à n dimensions un plan possède n-1 dimensions. Ce qui valide d'ailleurs notre plan dans un espace quintadimensionnel. Nonobstant cela, je précise pour l'anecdote qu'on peut aussi définir un plan par un seul vecteur orthogonal au plan, généralement appellé cortomalthèse.
gg : Extreme limite ? je ne connaissais pas mais sandrine me dit que c'est une série assez incroyable en terme de confrontation des thèses de leibniz et locke , infiniment petit et tabula rasa par l'appui. Ma foi le générique a l'air de confirmer ses dires, et pousse l'exploration de notre inconscient collectif à son extreme limite, pour le coup.
Écrit par : patrick | 27 mars 2007